Aux anciennes colonies !
Quoi de mieux, comme Sardou, que de se ressourcer sur nos anciennes colonies outre-Atlantique ?
Un jour française et ceci au plus grand désarroi des Atakapa, Avoyel, Bayogoula ou autres Chitimacha, elle garde une belle empreinte du vieux continent. Entre les rues de Bourbon, Royal, Toulouse et Chartres on fait simultanément le tour des régions de France ainsi que du lexique monarchique. C'est d'ailleurs fascinant que ces anciens territoires (Québec et Louisianne) conservent la trace et une certaine fierté de cet héritage aristocratique et catholique. Alors qu'entre nous, ça sent plutôt le renfermé ...
Cette ville est réellement à l'opposé de l'environnement moderne californien. Les bâtiments du centre, le French quarter, sont d'inspiration coloniale: du bois, des petites fioritures tout autour des gouttières et des volets omniprésents. C'est vraiment magnifique et différent de tout ce qu'on peut rencontrer ailleurs aux USA, c'est à dire qu'on peut apercevoir des bâtiment pré-XXème siècle, ce qui semble hors du commun ici.
Cette cité, c'est aussi la maison mère du jazz/blues/soul et autres musiques du Sud des états-unis instillées par la lutte raciale des siècles précédents. Cela se traduit par un parc Amstrong au sein de la ville et la voie Frenchmen street où la musique est omniprésente et les gens balancent, entre les deux côtés de la rue, ivres ou simplement amateurs des sonorités locales.
Mais l'art se confond souvent avec les excès et j'ai pu subrepticement entrevoir ce qu'était un vendredi ou un samedi soir à la Nouvelle Orléans. Les gens commencent tôt leur pèlerinage de beuverie, à l'anglo-saxone vers 17-18h, mais a contrario de la Californie, ici les bars ne ferment pas, ou tout du moins, pas avant l'aube. Il est alors possible de s'intoxiquer librement (et en musique) dans la rue. Autant dire, qu'à partir de minuit, les débats sur la matérialité de l'être et les grandes figures du post-idéalisme Hégélien ne sont plus trop présents dans cette rue. J'ai néanmoins passé quelques soirées intéressantes.
Mais il existe, comme souvent (sauf peut-être en Suisse ou au Liechtenstein), deux New Orleans. Celle branchée et animée du centre historique et sa cousine lointaine, besogneuse et infortunée des suburbs. On ne va pas se mentir, bien qu'on l'ignore et qu'elle ne représente pas l'image de la ville, elle représente pour autant 90% de la ville. C'est une ville pauvre. Caractéristique régulière des villes du sud, ses bâtiments abandonnés, peut-être témoins d'un faste passé ou d'un optimisme mal placé, pullulent à sa lisière. Avec ses pauvres erres traînant avec difficulté leur cadis pour rejoindre le sanctuaire triste et sordide niché sous les échangeurs d'autoroutes, le tableau devient plus gris.
La cuisine est aussi un mélange remarquable. Elles reposent sur des influences caribéennes, françaises et sont à base de produits de Louisiane (de la viande de croco et des patates douces pour faire simple). Autant dire qu'il est important de détendre ses tissus adipeux avant d'entamer une semaine de boustifaille. J'étais comblé, moi et mon double originaire du Sud-Ouest, de voir tant de plats à base de canards et certaines préparations très proches du good ol' cassoulet. Mais, sans transition, je dois m'avouer déçu. Je me sens dupé par tous ces commentaires extravagants (on retrouve ce sur-jeu assez général de l'angelino typique) de mes collègues américains. En effet, l’élément principal (80% des plats après un sondage que j'ai pu effectué sur mes 5 repas) est le sandwich, donc moyennement fin et appétissant et surtout bien huileux. Vous me pardonnerez, je n'ai pas pris de captures de mes plats, tout d'abord parce que le résultat photo est souvent proche d'une régurgitation brunâtre mais surtout parce que c'est parfaitement superficiel. Voici une photo d'un sandwich.
Cette semaine était pour conclure fantastique et féconde. Car oui, j'y étais en premier lieu pour assister à une conférence scientifique. Elle fut fructueuse mais je noterais tout de même la malheureuse tentative du centre de conférence d'inclure quelques mots d'inspirations française sur leur façade. On peut lire: BOEUF GRAS BOURRE. Une utilisation malencontreuse de Google Translation peut-être ?
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