L.A. est enfin là

Des bises, un métro, un train de banlieue, des escalators et je veux m'enregistrer.


Plusieurs heures d'avance m'avaient persuadé que je serai seul dans l'aéroport. Evidemment, naïf, j'attends ... Comment ça ma valise en cabine dépasse le poids autorisé ? Plusieurs choix s'offrent à moi: Me débarrasser de mes affaires, me recouvrir de pulls ou payer 250€ à la compagnie aérienne. J'ai tout de même mal à la gorge et peut-être que 5 ou 6 couches supplémentaires pourraient m'apaiser. 

"Non monsieur, vous devez mettre votre valise en soute, ne mettez rien sur vous !" ... Je suis agacé mais je ne m'énerve pas. Je cours de droite à gauche, j'essaye de trouver un allié dans ma lutte contre l'oppression capitalisto-aérienne. Je ne sais pas me repérer, je reviens sur mes pas, et j'écoute le même morceau électronique sous amphétamine depuis 20 minutes: ce morceau n'est pas adapté.


Finalement, je me réchauffe et la décision d'enfiler mes habits devient de plus en plus douloureuse. Mais impromptue providence, un employé, d'Air France dont j'ai conclu sur ses affinités avec l'extrême gauche, va généreusement envoyer ma valise au soleil.

Je n'ai plus de combat à mener et je regarde le ballet incessant des départs et des arrivées. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Sont-ils attendus par leurs compagne ou compagnons ? Des questions que je ne me suis pas posé car j'étais simplement fatigué.

11h de vol, j'ai toujours mal à la gorge et je ne dors pas. Des gens ronflent dans l'avion ... Prétentieux ! Je regarde un film "Baywatch", c'est mauvais. Je regarde un autre film "table 11", c'est très très mauvais, je l'arrête rapidement et prend conscience qu'il va falloir que je m'empêche de regarder des comédies. Finalement, je regarde les 5 premiers épisodes de la saison 12 de "It's always sunny in Philadelphia", je souris tout seul devant mon écran. J'ai maintenant mal à la tête. C'est étonnant, malgré mes douleurs je continue d'appuyer mécaniquement sur "Watch next episode", je finis donc la saison.


On atterri et, malin, je me place immédiatement (avec souplesse et agilité) dans le couloir pour pouvoir sortir promptement et avoir la primeur de l'accès à la douane. Tout le monde rêve et idéalise  de ne pas avoir à attendre des heures devant les douaniers lorsqu'on arrive à l'aéroport géant de Los Angeles. L'habitude de courts séjours m'avaient convaincu que je n'avais besoin, comme documents, que de mon VISA. 



Grave erreur, comment avais-je pu imaginer que l'ensemble des démarches en ligne et à l'ambassade  étaient suffisantes. Il me manquait ce document de sécurité sociale SEVIS (comprendre "sévisse" à ce que j'ai pu en conclure par la suite) que justement déjà déposer à l'ambassade quelques semaines plus tôt. Quel idiot, je comprends maintenant ! Tout comme dans un gang de latinos, on ne peut me faire confiance sans me mettre à l'épreuve. On m'avait donner une bonne dizaine de documents, tous déjà déposé en ligne et à l'ambassade, et on attendait de moi que je les amène tout de même à la douane. Il ne faut pas utiliser sa logique, il faut simplement être dans le respect.


J'attends donc plusieurs heures entre quelques passagers clandestins avant qu'on étudie mon dossier. Le téléphone est interdit mais heureusement il y a la télévision, pas le son, mais au moins l'image. Un concept amusant, ou peut-être une méthode de torture douce, est d'ailleurs mise en place. Elle consiste à changer de chaîne régulièrement et est calée sur un rythme bien précis, celui des spots publicitaires. J'ai donc eu le droit à l'ensemble des publicités de l'ensemble des chaînes: je connais dorénavant le numéro de bons avocats, docteurs, les meilleurs fast-food, épilateurs, voitures, couches pour adulte, jardineries, tondeuses à gazon, barbecues et rasoirs quadruple lames.

Je sors ! On me souhaite bienvenue à Los Angeles, c'est sympa. Il faut que j'aille à Pasadena, je prends un taxi, et j'abats toute mon aversion sur cet aéroport à mon conducteur. On parle des policiers américains, de démocratie, de Trump, de l'intervention du gouvernement à l'étranger, des guerres, du génocide arménien ... Un peu rapide non ? Je suis déjà arrivé.


Je m'écroule dans mon lit, demain nous essaierons d'être moins cynique. Bonne nuit.


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