On met les voiles à Baja
J'ai tout gâché avec cette photo paysano-hispanique, vous savez déjà ce qu'il en est ! Ce n'est pas évident ? Je suis parti sur la péninsule mexicaine de Basse-Californie pour ne pas célébrer Thanksgiving. Quand les américains s'en vont manger de la turkey, moi je prends le maquis.
Inattendu ! La veille du départ j’appréhendais avec amertume la fin de semaine solitaire qui m'attendais. Mais au détour d'un café colombien mon collègue de travail suisse-allemand me propose en français de quitter les anglais pour les mexicains. Comment se dérober ? Un pays insolite, des nouvelles connaissances et l'occasion de surfer, j'avais pris ma décision ! Le lendemain, en fin d'après-midi, j'arrachais deux caleçons (notez que ce n'est pas assez), mon maillot de bain, une trousse de toilette et j'oubliais ma serviette avant de prendre la route !
La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique est semblable à ce lacet qui entoure la capuche de votre pull préféré. Il est simplissime de tirer dessus et de l'enlever, même en étant ivre et ayant les mains grasses mais beaucoup plus délicat de faire l'opération inverse: le Mexique serait le lacet là où la petite ouverture capricieuse représenterait les USA.
C'est fait, nous sommes au Mexique et nous progressons lentement sur un chemin rocailleux cerné par cet inébranlable tableau désertico-océanique ocre et azur qu'est la péninsule du Baja. Et oui la poésie du lieu m'inspire grave sa mère !
Le lieu est envoûtant, à plus d'une heure trente de ville la plus proche, on alterne entre l'humble pêche traditionnelle et les scènes du grand Ouest de William Robinson Leigh du siècle dernier. Les hommes se parent de leur plus beau sombrero et les femmes aux habits sombres tirent les enfants par la main lorsque que vient l'heure de la siesta.
Et c'est dans cette sublime crique, où la plage de sable fin contraste avec l'incandescente falaise qui l’enserre, que nous installons le camp.
Les journées commencent aux aurores, une planche de surf sous le bras et se terminent langoureusement lorsque nous avons consommé nos rondins de bois quotidiens. L'expérience parait souvent surréaliste lorsqu'au réveil, le brouillard recouvre les dunes qui nous entourent, et que l'après-midi étincelle sur les rouleaux céruléens (j'ai fraudé pour cet adjectif, voici sa définition: https://fr.wiktionary.org/wiki/c%C3%A9rul%C3%A9en) d'une mer mouvementée.
Nos repas sont délicieux, végétariens et notre peau brunit mais il est déjà l'heure de s'en aller. Lesté de notre bois et de notre nourriture nous repartons vers la frontière mais son passage est beaucoup plus douloureux qu'à l'aller (se référer à l'analogie du lacet). Plusieurs heures d'attentes bien tristes s'offrent à nous entre les vendeurs de tacos, les jongleurs plus jeunes qu'adolescents et les mendiants aux manches vides.
Je rentre chez moi, fatigué mais émerveillé par les paysages dont j'ai profités pendant ces quelques derniers jours. Bien sûr, ce serait trop beau, mais il est tard, dimanche soir et je ne dors pas ... Lundi va être tellement agréable !
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