Verre de béton


On est bien loin du pueblo de moins de 100 habitants sur lequel L.A. s'est installée. Modernisme ou post-modernisme mais pas beaucoup de chaumières à toit de seigle. Un certain charme émane néanmoins des rues bétonnées, des gratte-ciels vitrés et des façades d'inspirations romano-égyptiennes. Les architectures sont  géométriques, les formes simples et les ensembles minimalistes. Le bois, la vitre et le béton sont les ingrédients principaux de cette toile mais les couleurs sont généralement absentes et limitées à la couleur naturelle des matériaux de construction. 



Les immeubles sont souvent larges mais s'élèvent rarement au delà de quelques étages ... A l’exception bien sûr du business district. Quelle ville américaine se ridiculiserait en ne tentant pas de gratter les nuages. Mais ici l'oeuvre est bien plus limitée que sur la côte est. On compte une dizaine de gratte-ciels mais rien au delà. Non le principe de L.A. Au XIXème siècle fut l'extension de maisons individuelles (housing tracts) dans toutes les directions et autant qu'il fut possible de construire. Ce furent des architectes et ingénieurs militaires qui revenus dans le civil et s'inspirant de leur expérience passée construire a la volée du logement bon marché et de banlieue. Des rues larges et rectilignes paraissent s'obstiner à continuer sur des miles. On peut par exemple parcourir la rue de Huntington sur un peu moins de 30 km. Une petite marche de 5h30 dont, je pense, personne n'a tenté l'exercice.


Les bâtiments sont espacés et de ce fait peu de vie émerge en dehors de quelques petites tâches plus denses et vivantes. En revanche, parfois, nous pouvons tomber sur des exemples uniques et magnifiques de l'architecture du début du siècle dernier. Rare, ils montrent néanmoins une facette absente en Europe du faste sans limite du XXème siècle avec leurs dimensions colossales.





C'est lorsque la nuit tombe, et que les enseignes lumineuses deviennent vos seuls points de repère, que cette ville prend une autre dimension. Peut-être influencé par le cinéma, la littérature et la musique mais la cité semble alors se transformer, elle devient lumineuse sous son panache de néons multicolores. Elle brouille les pistes et on se perd, ne sachant plus si plus si nous sommes toujours au XXIème siècle ou ramener des décennies plus tôt. On retrouve alors entre les chopper de Easy rider et les panoramas du premier et grandiose Die Hard et son bon vieux John McClane.






Mais si j'étends mon exploration en dehors du strict Downtown, une image bien différente émerge. La ville étend alors ses tentacules, plus ou moins visqueuses et nauséabondes, sur des centaines de kilomètres. En effet, à proximité de ces grandes langues de béton, autrement appelés échangeurs autoroutiers,  des quartiers inaccessibles aux gringos ou white-ass et s'apparentant à nos tendres et chères cités françaises suburbaines. Mais quelques îlots résistent à la montée des eaux sous la bannière CSP+ et Pasadena en est un bel exemple. Je peux voir mon vélo frôler quotidiennement par des Maserati, Tesla dernières génération et autres Lamborghini prétentieuses. L'herbe y est verte et duveteuse, les gens souriants et les cafés trop chers. Ici, on se rappelle qu'il est bientôt Noël grâce au talent kitsch indéniables des indigènes. Quelle chaleureuse ambiance intimiste se dégage alors !


Et c'est au sein de mon petit pavillon de banlieusard mais préservé de toute guirlande épileptique et père Noël dodu que je vous fais une bise.

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